Lu # 28 : La garçonne de Victor Margueritte (1922)
Monique Lerbier, jeune
fille de bonne famille, découvre que son fiancé la trompe et que leur futur
mariage n’est en réalité qu’un arrangement financier. Son idéalisme de jeune
romantique ébranlé, elle refuse le mariage et quitte le domicile familial. Seule,
elle sombre dans la dépression, puis se relève pour prendre sa vie en main.
Liberté sexuelle et professionnelle, voilà ce qui régit désormais sa vie. Totalement maître de son existence, Monique Lerbier n’est pas pour autant heureuse. Même si elle acquiert une certaine renommée professionnelle, sa vie sentimentale est chaotique alternant les expériences lesbiennes, les hommes et les orgies. Peu à peu dégoûtée d’elle-même, se sentant inutile, elle finit par se noyer dans les plaisir artificiels : opium et cocaïne. Et puis, il y a cette rencontre qui va la sauver, mais qui va aussi lui ouvrir les yeux sur ses attentes en matière d’amour et dans sa relation avec les hommes.
Je n’ai pas besoin de vous en faire un résumé la quatrième de couverture vous dis tout au sujet de l’héroïne Monique. Alors vous me direz pourquoi lire ce livre ?
Parce que ce livre parle d’une France qui se
relève difficilement de la première guerre mondiale.
La population cherche a oublier cet évènement
tragique et absurde dans des plaisirs intellectuels, physiques et artificiels.
Nous sommes dans les années folles (1919-1929), la femme est dépendante
financièrement de ces parents puis de son époux, les mariages arrangés sont
d’actualité et le droit de vote n’est encore réservé qu’aux hommes. Les mœurs
et la loi réduisent la femme à trois chose soit une belle poterie, une épouse
fidèle et femme féconde.
Victor Margueritte nous décris parfaitement
l’atmosphère qui règne durant las années folles en France. En lisant La
garçonne, j’ai eu l’impression de naviguer dans les années folles. A
travers Monique, l’auteur nous dévoile une France a deux facettes. D’un côté, une
France bourgeoise matérialiste, aux codes sociaux stricts, pincés et remplit de
tabous, de l’autre une France qui cherche l’oubli dans l’étourdissement de soirées
endiablées (dancing, boîte de jazz, fumerie d’opium), les femmes se libèrent de
l’oppression des hommes en se coupant les cheveux ou en se comportant en homme.
Comme vous l’avez compris, l’histoire tourne
autour de Monique Lerbier personnage le plus développé. Dans un premier temps, Victor
Margueritte nous décris une Monique jeune, naïve encore protégée par le monde
et forte de conviction. Pour elle la vie est soit blanche soit noire. Puis à la
suite de l’ébranlement de ces convictions, elle fait un virage à l’opposé de
son éducation, de ses convictions de « jeunes premières » pour devenir une femme
forte, indépendante en obtenant son émancipation.
Celle-ci, passe par son indépendance financière
grâce à son métier de décoratrice mais aussi par une vie sexuelle débridée (multiplication
des partenaires, lesbianisme), l’expérimentation de drogue. Mais l’auteur fait
le choix de rendre au fur et à mesure son héroïne faible tout d’abord en
recherchant son bonheur à travers la maternité puis fait volte face sur sa vie
de garçonne après avoir trouvé l’amour auprès d’un homme.
Je ne vous dis pas ma déception. Cette
féministe naissante laisse penser que son émancipation l’entraîne dans la débauche,
que son comportement est dû au fait qu’elle est dépressive et trouve quelques
réconfort dans les drogues. Mais elle retrouve le droit chemin et le bonheur
grâce à un homme, son sauveur. La femme moderne que je suis (sans être une
féministe) a été meurtrie par ce revirement.
Les autres personnages sont tour à tour des
stéréotypes familiaux et sociaux mais bizarrement cela ne m’a pas empêché
d’apprécier certains d’entre eux comme Mme Ambrat ou la tante vielle fille.
Je suis habituellement peu attirée par ce genre
littéraire, vous savez à la Marcel Prévost (il faudrait qu’un jour je lui
redonne une chance !) mais ici j’ai adoré. L’auteur arrive à faire passer son
message sur cette France rigide qu’il souhaite voir entrer dans la modernité
des mœurs. La plume de l’auteur est simple mais efficace.
Aujourd’hui, le sujet de ce roman n’est plus
vraiment d’actualité (quoi que…) mais permet de se rendre compte des avancés
des droits civiques des femmes qui nous permettent aujourd’hui en France de
faire entre autre le choix de celui ou celle avec qui ont souhaite faire sa
vie.
Dire que ce livre a fait scandale lors de sa
publication aussi bien auprès des conservateurs que chez les féministes par les
thèmes qu’il aborde entraînant la destitution de l’auteur de sa légion d’honneur
alors que je trouve les propos et les détails sur les moment de sexes et de
drogues soft. Je me dis qu’ils seraient choqués par notre société !
Ce livre fut un bon moment de lecture. L’auteur
décris avec finesse l’atmosphère qui règne durant les années folle mais j’ai été
déçu par le choix à 360° qu’a effectué l’auteur sur le devenir de son héroïne,
son revirement de sa vie de garçonne
sous prétexte qu’elle aurait trouvé l’AMOUR. ( Non je ne suis
aigries !)
Rare sont les fois où je trouve grâce à une
préface. Ici celle de Yannick Ripa apporte des informations sur le contexte
historique, politique et sociale qui entoure le livre. Mais je vous conseille
de la lire à la fin du livre même si elle ne dévoile pas l’histoire.
« Le mariage sans amour n’est pour moi
qu’une forme de prostitution.»
« La virginité, chère aux anciens acheteur
d'épouses, ne me semble pas avoir plus d'importance qu'une dent de lait! Et la
superstition que certains y attachent m'apparaît plutôt comme une sorte de
sadisme, que comme une preuve d'intelligence. Je suis du parti de Stendhal,
pour qui "le pucelage est la source des vices et des malheurs qui suivent
nos mariages actuels"! »
Lu dans
le cadre du Challenge « Chacun son époque » organisé sur le site
Livraddict par magiciennedoz.
C'est un livre qui a l'air intéressant, mais je ne pense pas lui donner sa chance maintenant, plus tard peut-être. Le sujet ne m'attire pas vraiment mais je comprends tout l'intérêt que renferme cette lecture. Merci pour la découverte !
RépondreSupprimerJe m'attendais pas à ce que le livre soit aussi féministe, ça a été une belle surprise. Je pense qu'il faut comme même être intéressé par le sujet pour l'apprécier.
SupprimerJe ne connaissais pas, mais ce livre a l'air vraiment intéressant ! Je n'en ai jamais lu traitant des années folles, ce serait l'occasion de tenter. Merci pour cette découverte !
RépondreSupprimerL'auteur montre bien l'ambiance sulfureuse des années folles. Ca a été une belle découverte
SupprimerJ'avais beaucoup aimé ce roman pour son sujet d'émancipation féminine! :)
RépondreSupprimer^^
SupprimerDéfinitivement ce livre m'intéresse ! ^^ Déjà pour l'époque, et ensuite pour le côté féministe :)
RépondreSupprimerJe te le conseil, un bon voyage en arrière qui me fait apprécier le présent
SupprimerLe sujet m'intéresse assez pour ma part, du coup, je l'ajoute à ma WL (qui n'avait vraiment pas besoin de ça !)
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira. Toi aussi tu a contribué a faire grossir ma WL qui a dépassé les 300!!! Aurai-je assez d'une vie pour tout lire!
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